Accords augmentés : comment ajouter de la couleur à vos morceaux grâce aux extensions
Les accords sont les piliers qui soutiennent votre écriture musicale. De concert avec le rythme et la mélodie, l’harmonie est l’un des constituants fondamentaux de la composition musicale.
La sonorité de vos accords donne beaucoup d’indications sur l’identité de votre musique. Des structures harmoniques simples peuvent parfois très bien fonctionner, mais d’autres fois des accords enrichis seront la meilleure façon de sublimer un morceau donné.
C’est parfois les extensions qui peuvent être ajoutées aux différents accords qui permettront à un morceau de prendre son envol.
Dans cet article, j’expliquerai comment construire des accords avec différentes extensions et vous montrerai comment vous pourrez emmener votre écriture musicale au-delà des simples triades.
Que sont les accords augmentés ?
Les accords augmentés sont des « blocs » sonores possédant des couleurs supplémentaires par rapport à leur équivalents basés sur de simples triades.
Les accords augmentés sont des « blocs » sonores possédant des couleurs supplémentaires par rapport à leur équivalents basés sur de simples triades.
Cette formulation peut sembler compliquée au premier abord, mais ne vous inquiétez pas. Je m’apprête à couvrir tout le nécessaire pour que les accords enrichis n’aient plus de secret pour vous.
Construction d’accords
Avant d’ajouter des extensions, il faut bien sûr construire l’accord sur lequel celles-ci vont pouvoir s’arrimer.
Les bases sont simples. Les accords se construisent en superposant des tierces les unes sur les autres. La relation entre ces intervalles et la racine de l’accord détermine le type d’accord obtenu.
Il vous faut prêter attention au degré de la gamme correspondant aux différentes notes et à la nature de chaque intervalle pour pouvoir identifier un accord donné.
Par exemple, si vous empilez des tierces sur une portée, vous obtiendrez un bonhomme de neige :
Grâce à l’identification des intervalles, vous saurez rapidement que vous êtes face à une triade majeure.
Jusqu’ici, tout va bien.
Allons désormais un peu plus loin.
Si vous vous êtes entraîné en terme d’écoute, vous savez sans-doute déjà que certains accords sont constitués de plus que trois notes.
Mais quelles sont ces notes qui peuvent leur être ajoutées? Comment fonctionne ce système d’extension et comment affecte-t-il votre son ?
Accords de 7ème
Vous connaissez déjà les quatre types d’accords que vous pouvez facilement créer avec trois notes. Majeur, mineur, diminué et augmenté. Mais que se passe-t-il au juste lorsque vous ajoutez une note de plus à cette combinaison ?
Pour vous lancer, commencez par ajouter une tierce au-dessus de la dernière note de votre bonhomme de neige :
Si vous évaluez les intervalles que possède chaque note vis-à-vis de la racine, vous pourrez constater que les distances sont d’une tierce majeure, d’une quinte parfaite, puis d’une 7ème majeure.
Ceci identifie l’accord comme un accord de septième majeure.
Cependant, chaque fois que vous changez la nature des intervalles dont il est constitué, l’accord obtenu change.
Si vous essayez toutes les combinaisons, cela vous donne :
- 7ème Majeure
- 7ème Dominante
- 7ème Mineure
- 7ème Demi-Diminuée
Ici, nous nous focaliserons sur les trois premières, puisqu’il s’agit des accords les plus fréquemment utilisés.
Ajouter ces accords à quatre notes à votre vocabulaire génèrera instantanément un grande variété d’options en matière de composition !
Plus de notes ?
Les accords à quatre notes ne sont à vrai dire pas vraiment considérés comme des accords étendus.
Puisque les intervalles entre les quatre notes des différents accords ont un impact sur leur caractère et (autrement dit, leur tonalité), on se réfère également à ces quatre premières notes comme aux différents tons de cet accord.
Puisque les intervalles entre les quatre notes des différents accords ont un impact sur leur caractère et (autrement dit, leur tonalité), on se réfère également à ces quatre premières notes comme aux différents tons de cet accord.
Mais revenons à l’exemple précédemment illustré sur la portée et ajoutons une autre tierce à notre bonhomme de neige (qui commence à ce stade à ressembler à un totem) :
Si nous évaluons la relation de cette note vis à vis de la note fondamentale (également appelée racine ou tonique), le résultat est désormais différent. Il semble en fait s’agir du second degré de la gamme, mais placé un octave plus haut.
Il s’agit donc de la 9ème (les gammes comportent 7 notes). C’est la première des extensions possibles.
Les extensions sont des notes qui s’empilent elles-aussi comme des tierces sur le totem, mais n’engendrent pas en un changement global du type d’accord obtenu.
Ces notes peuvent être ajoutées à un accord pour enrichir sa couleur sans que leur présence n’altère la structure de base de celui-ci.
L’accord obtenu dans ce cas précis? Un C Majeur 9.
Écoutez le changement que donne cette 9ème à la couleur de l’accord. Une tension agréable nait de sa proximité à la fondamentale et à la tierce. L’accord semble plus riche, mais il s’agit toujours d’un accord de 7ème majeure.
Jusqu’ici tout va bien. Mais il existe encore de nombreuses extensions possibles !
Extensions
Lors de l’ajout de la prochaine tierce à votre bonhomme de neige, le résultat ne sera pas tout à fait le même.
Plutôt que de la richesse et de la sophistication, cette nouvelle extension apporte un sentiment un peu plus ambivalent, une forme de dissonnance. Quelque chose dans la 11ème qui vient d’être ajoutée ne semble pas bien s’accorder avec l’accord de C majeur 7.
Comment déterminer au juste quelles extensions utiliser ? La réponse se trouve notamment dans le souhait d’éviter cette qualité dissonante.
La dissonance est une notion subjective dont la signification a fortement évoluée au cours de l’histoire de la musique. Ici, nous faisons référence à un type de dissonance particulier.
De façon générale, ajouter des extensions qui créent un intervalle de 9ème mineure avec l’un des tons de l’accord est déconseillé.
De façon générale, ajouter des extensions qui créent un intervalle de 9ème mineure avec l’un des tons de l’accord est déconseillé.
Pour pouvoir utiliser une 11ème comme extension, il nous faudra donc l’altérer. La seule altération qui puisse être ajoutée sans créer un autre intervalle de 9ème mineure par ailleurs est un dièse.
Ajouter le dièse en question vous donnera un Cmaj7#11, une sonorité plaisamment complexe, simultanément stable et riche en tension.
Ajouter le dièse en question vous donnera un Cmaj7#11, une sonorité plaisamment complexe, simultanément stable et riche en tension.
La #11 est équivalente à la #4, un octave au dessus. Si ceci vous rappelle quelque-chose, c’est peut-être parce que cette quatrième augmentée est caractéristique du mode Lydien.
À vrai dire, si vous listez les degrés des notes de l’accord et des extensions puis les convertissez à leur forme la plus simple, sur un seul octave (donc numérotés entre 1 et 7), vous pourrez constater que les différents degrés de l’accord puis de toutes ses extensions correspondent à toutes les notes de la gamme débutant par fondamentale.
1-3-5-7-9-11-13 = 1-3-5-7-2-4-6
Cette correspondance est également surnommée relation accord/gamme.
Vous n’aurez pas à mémoriser chaque extension possible si vous êtes déjà familier·e·s avec les modes de la gamme majeure.
La relation entre les modes et les accords vous indique quelles extensions peuvent être ajoutées à différents accords, mais aussi quelles gammes peuvent être jouées par-dessus ceux-ci lorsque vous improvisez. Sympatoche…
Écrire avec des accords enrichis
Si les empilements de tierces que vous venez de créer vous semblent un peu.. denses, vous n’avez pas tort.
Au-delà des démonstrations, dans la vraie vie, les accords enrichis ne possèdent pas toujours chaque note possible et ne seront quasiment jamais joués dans une disposition (l’ordre des différentes notes) linéaire et verticale.
Au-delà des démonstrations, dans la vraie vie, les accords enrichis ne possèdent pas toujours chaque note possible et ne seront quasiment jamais joués dans une disposition (l’ordre des différentes notes) linéaire et verticale.
Il est probable que les extensions ne soient bienvenues qu’ici et là, pour souligner un passage-clé ou une idée musicale particulière. Pour rendre vos accords plus limpides, vous pouvez même omettre un ton ou deux qui ne contribue(nt) pas à l’harmonie de façon intéressante. Vous êtes l’arbitre.
Puisque vous connaissez désormais la relation entre les modes et les extensions d’accords, vous pouvez désormais utiliser les extensions n’importe-où où vous employiez intuitivement le mode associé.
Si vous avez besoin d’un petit rafraîchissement, parcourez notre article sur les modes.
En résumé : vous pouvez penser aux différents modes comme à autant de couleurs sur une palette, des plus chaudes et lumineuses aux plus glaciales et sombres.
Plus un mode contient de note augmentées (dièses), plus il semble “clair” à l’oreille. Plus il possède de notes diminuées, plus il semble “obscur”. Toute ressemblance à une saga de science-fiction est fortuite.
Les extensions peuvent être abordées de la même façon. Un accord Majeur 7ème peut être “éclairci” par l’ajout d’une extension #11.
Même un accord mineur un peu tristoune peut être illuminé, par exemple en lui ajoutant une 13ème – équivalente à la 6ème dont le son est spécifique au mode Dorien.
Techniques étendues
Les notes étendues sont une partie très utile du vocabulaire musical. Le plus vous les incorporez à votre écriture, le plus vous entendrez leur façon d’enrichir et affiner vos morceaux. Même utilisées parcimonieusement, elles peuvent ouvrir de nouvelles fenêtres harmoniques.
Maintenant que vous possédez quelques idées sur les différentes façon d’ajouter des notes à votre harmonie, lancez-vous dans l’expérimentation et découvrez quels services les extensions peuvent rendre à votre musique.
Ne manquez plus aucun article du Blog LANDR